Lumicon Productions

Avant le shooting, travailler son opening !

Lumicon Vision | Paris | 03 octobre 2022

« Shooting ». Ce terme un brin fashion pourrait inciter le photographe à se précipiter pour flasher du regard son environnement. Mais la capture d’un moment ne saurait se passer du temps nécessaire à une bonne ouverture. Explications.

Les hommes de toutes civilisations observent le monde et reçoivent sa lumière de bien des façons. Ils projettent autour d’eux une mosaïque de représentations. Cependant, ils partagent une chose en commun, comme l’a montré le psychologue James Gibson : la capacité de voir avant de regarder, c’est-à-dire de recevoir une « lumière ambiante » commune à tous et dénuée de préjugés. 

Suspendre ses représentations

Le défi de la représentation du monde, de sa compréhension, ne fait que seconder l’acte d’ouverture de l’être à ce qu’est le monde. Qu’est-ce que le regard ? Il n’est qu’une compilation des visions que le monde révèle progressivement à l’homme, et auxquelles il unit sa suggestion. Le regard humain se trouve ainsi conditionné par le paramètre de l’ouverture à la lumière, connu des photographes. Plus la lumière le pénètre, plus l’œil humain distingue de nouvelles couleurs, plus l’image qui imprime le cerveau apparaît nette et riche à la fois. L’ouverture s’avère déterminante pour la distinction des êtres et de leurs formes.

Capter les rayonnements faibles

A l’instar de l’œil photographique, l’œil humain requiert une ouverture maximale de son diaphragme, charnel et spirituel, pour connaître les richesses du monde. Si une intense lumière l’environne, mais que l’appareil est paramétré pour une ouverture trop faible, il ne saisit pas l’intensité de cette lumière. De même, si la lumière est faible, il n’a pas la sensibilité suffisante pour la capter. Il ne perçoit donc pas la luminescence subtile des êtres à faible rayonnement. 

Le réalisateur Stanley Kubrick a montré dans le film Barry Lyndon que l’on pouvait filmer des scènes éclairées à la bougie sans recourir à d’autres éclairages artificiels. Il s’est procuré pour cela un objectif confectionné par la NASA qui lui a permis d’obtenir une ouverture maximale jamais expérimentée dans l’histoire du cinéma (0.7 mm). Le rendu impeccable a donné un cachet exceptionnel à ses images.

« Opening » : Travailler sa réceptivité

L’œil humain fonctionne de la même façon que l’œil photographique. Plongé dans l’obscurité, il aiguise la sensibilité de ses capteurs dans le blanc et le noir, et dilate au maximum sa pupille pour s’ouvrir aux plus pâles lueurs. C’est ainsi qu’après un temps d’adaptation au milieu nocturne, il finit par percevoir son environnement d’une manière qui lui paraissait impossible de prime abord. 

On ne devrait donc pas s’empresser de faire du shooting sans un temps d’ouverture de l’objectif… et de soi-même. Un temps de respiration. Le secret de l’image ne réside pas seulement dans la qualité de l’exposition ou dans la capacité de l’imagination à produire à tout prix une représentation. Il réside aussi dans une ouverture, un travail de l’être entier à une certaine réceptivité, indépendamment de l’exposition et des regards. Un véritable opening.

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